J'ai deux mots à vous rire - Mourir, c’est partir beaucoup (A. Allais)

Par Claude Frisoni

Depuis ce matin d’octobre qui m’avait vu prendre en stop, à hauteur de l’abattoir d’Esch, une espèce de sosie de Charles Bronson, j’ai apprécié l’élégance nihiliste du personnage, original jusqu’à désorienter ses compatriotes.

Quand un mot a de nombreux synonymes, c’est qu’il est très important ou bien que son usage intimide. Ainsi, l’argent doit être tout en haut du hit-parade des préoccupations humaines car il a, dans toutes les langues, des tas d’autres mots pour le désigner. S’agissant du pognon, on peut lui préférer le fric, l’artiche, le blé, l’oseille, le grisbi, les pésètes, le pèze, la galete, la thune, les pépètes, les sous, les radis, les numéraires, la monnaie, l’avoine, le carbure, les picaillons, les ronds, le talbin, la maille, les fafiots, la douille, la fraiche, les patates, l’osier, le moulaga, la ferraille, les espèces, le cash ou le flouze… J’en oublie forcément, étant trop peu familier de la chose. En revanche, c’est parce qu’il fait peur que le verbe mourir a tant d’équivalents, le plus souvent euphémisants. Cela va du sobre décéder à toute une série de verbes ou expressions plus ou moins corrects : crever, clamser, claquer, expirer, succomber, calancher, passer l’arme à gauche, casser sa pipe, partir, passer de l’autre côté, s’éteindre, trépasser, être rappelé à Dieu, être arraché à l’affection des siens, quitter ce monde cruel, disparaître, caner, claboter… les plus hypocrites étant se retirer ou avoir vécu.

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