
Grand amateur de journaux, notre chroniqueur n’a pourtant pas pleuré la disparition d’un certain titre...
L’argument massue de l’extrême droite pour justifier ses appels à la haine raciste, c’est la défense de la liberté d’expression. Si les employés de Bolloré passent leur temps à distiller une idéologie que n’aurait pas renié le maréchal Pétain, c’est au nom de la liberté d’expression, ça va de soi.
En France, il y a peu, après l’assassinat ignoble d’une écolière, Pascal Praud s’est complu dans des digressions xénophobes en affirmant que le principal suspect avait un nom à consonance arabe. Comment le patronyme du jeune homme a-t-il fuité depuis les couloirs du commissariat jusqu’aux poubelles de CNews ? Mystère. Ou pas… Mais la fachosphère s’est fait un malin plaisir de diffuser largement ce nom, au mépris de la présomption d’innocence et du secret de l’instruction. Au mépris aussi de la sécurité de l’individu jeté en pâture aux pires agités du bocal du pays.
Quand le prétendu suspect a été mis hors de cause et libéré, puis quand le vrai coupable est passé aux aveux, les vedettes des chaînes du groupe Bolloré n’ont pas jugé utile de s’excuser. Et de reconnaître qu’un infanticide n’est pas moins horrible quand il est commis par un jeune abruti au nom bien français. Tout cela n’intéressait plus ces gens qui font honneur au journalisme. Au point qu’ils sont convaincus que déontologie s’écrit en quatre mots. Tout juste s’ils n’ont pas fait remarquer que l’assassin avait certes un nom français, mais que celui-ci comportait l’adjectif "grand", comme dans "Allahu Akbar" qui signifie "Allah est le plus grand". Comme quoi, mettez le musulman hors de cause, il restera quand même suspect… sur les ondes de Bolloré. C’est donc au nom de la liberté d’expression que ces gens peuvent raconter n’importe quoi, mentir, calomnier, insulter… Hanouna est champion de ce sport de combat et même très bas. Dès qu’on tente de réagir à ses saillies poétiques, il hurle à la mise en cause de sa liberté d’expression.
C’est étonnant, l’extrême droite est devenue un peu partout le chantre de la liberté d’expression. Si Musk défend l’AfD en Allemagne, c’est au nom de la défense de la liberté d’expression ! Pourtant, l’histoire nous enseigne qu’en principe, partout et toujours, l’extrême droite interdit des journaux, menace, enferme ou tue des journalistes, impose un monopole de l’information… bref détruit la liberté d’expression.
Accède à la suite du contenu.
-
Abonnement annuel185,00 €/an
-
Abonnement mensuel18,50 €/mois
-
Zukunftsabo pour abonné·e·s en-dessous de l'âge de 26 ans120,00 €/an
As-tu déjà un compte ?
Connecte-toi