J’ai deux mots à vous rire - Les maux des mots

Par Claude Frisoni

Notre chroniqueur inquiet est convaincu qu’on n’aura même pas besoin de l’Intelligence artificielle pour détruire le langage.

C’est une nouvelle terrifiante. D’après l’écrivain franco-canadien Laurent Sagalovitsch, l’Intelligence Artificielle va finir de détruire le langage. "Nul besoin d'avoir des dons prophétiques pour réaliser que bientôt, demain, l'écrit considéré comme l'expression d'une intelligence sensible ne sera plus la norme. Tout ce qui constitue le monde de l'information, du divertissement, dans ses déclinaisons verbales, sera confié aux bons soins d'une machine qui crachera en des flots ininterrompus l'essentiel des nouvelles", affirme-t-il.

C’est d’autant plus inquiétant que même sans l’intervention de l’Intelligence Artificielle, le langage a déjà du plomb dans l’aile.

En premier lieu, il y a les tics récurrents, qui imposent à l’auditeur patient les répétitions incessantes de "du coup", "après", "quoi"… employés à mauvais escient. Mais il faut aussi supporter les complications inutiles. Ainsi, j’ai surpris ce matin un général interviewé sur France Inter et qui confondait problématique et problème comme un vulgaire footballeur. Le même haut gradé se mélangeant les pinceaux entre dommage et dommageable. Pourquoi ajouter des lettres à des mots qui en ont suffisamment ? Dire "Oh, j’ai un problème, c’est dommage" est quand même plus simple qu’affirmer "Oh, j’ai une problématique, c’est dommageable".

Si mon témoin n’avait pas été général mais rappeur, il aurait formulé la même courte phrase un peu différemment en déclarant : "Du coup, j’ai juste une problématique. En fait, c’est grave dommageable. Carrément".

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