J'ai deux mots à vous rire - Guère épais

Par Claude Frisoni

Alors que l’épidémie faiblit, notre chroniqueur tente de trouver une nouvelle saga pour la presse.

Dans la salle de rédaction d’une célèbre chaine d’info continue, un matin de février 2022 ; Kevin, le rédacteur en chef entre, tout bronzé. Il lève ses RayBan, salue Bruce le rédacteur mondain et Jean le jeune stagiaire et déclare…

Kevin : Bonjour à toute l’équipe, je reviens d’un important séminaire et j’ai de mauvaises nouvelles…

Bruce : UN séminaire ? Pas du côté de Dunkerque en tout cas, vu le bronzage…

Kevin : Non, j’étais à la Réunion. En réunion, à la Réunion. Bref, la mauvaise nouvelle, c’est que l’épidémie est en train de faiblir…

Jean : C’est une mauvaise nouvelle ?

Kevin : Oui, stagiaire ignorant ! Ça fait maintenant deux ans qu’on bouffe grâce à cette épidémie. Deux ans d’infos et de rumeurs, d’études et de démentis, d’interviews d’experts et de déclarations de ministres, de chiffres et de statistiques, de fromages et de pyramides, d’espoirs et de déceptions. Putain, deux ans ! Jamais, nous n’avions eu un tel filon. Deux ans sans se fatiguer, sans enquêter, sans investigation. Du conditionnel, des « selon une étude »… le pied.

Bruce : Mais alors, mais alors, qu’est-ce que va-t-on deviendre ?

Kevin : Sans ma légendaire faculté d’adaptation, la situation serait grave mais j’ai une alternative au virus.

Bruce : Je sais ! Une histoire de divorce princier ou de tromperie royale…

Kevin : Non, ça n’est pas assez anxiogène. Il faut quelque chose qui foute la frousse et qui tienne en haleine. Un suspens avec des rebondissements. Un truc qui puisse tenir au moins une saison entière. Voire deux.

Jean : Ressortir l’Affaire Gregory ?

Kevin : Pas mal comme idée, mais ils en ont même fait une série sur Netflix ; le public commence à lasser. Non, le nouveau filon, la saga qui va nous faire vendre du temps de cerveau disponible durant des semaines, c’est le risque de guerre en Ukraine.

Bruce : En U quoi ?

Kevin : Kraine.

Bruce : Kraine ?

Kevin : Yes, man, en Ukraine.

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