
Selon Claude Frisoni, on peut se singulariser à plusieurs.
Dans un monde tendant à l’uniformisation, il est bon de se singulariser. Comment être singulier ? La réponse apparaissant la plus évidente serait : en n’étant pas pluriel. Ça n’est pas si simple. S’il existe des singuliers pluriels, on peut aussi s’étonner de curieux pluriels très singuliers. Il en va ainsi, comme chacun sait, de trois mots masculins devenant féminins au pluriel : amour, orgue et délice. Un seul bel amour masculin pour de nombreuses amours féminines. Comme s’il fallait plusieurs amours féminines pour équivaloir à un seul amour masculin. Mais outre ces trois mots transgenres, on entend parfois des pluriels bien singuliers.
Avec "la plupart" qui, quoi qu’en pensent "la plupart" des animateurs télé, réclame un pluriel. Mais pas seulement. Par exemple, dans la phrase : "Ouille, j’ai un de ces mal(s ?) de dents ce matin !" Certains pensent que dans ce cas, "mal" n’est pas pluriel mais correspond à "UN de ces". Bien sûr, bien sûr… D’ailleurs, tout le monde dit : "Je vais ouvrir un de ces bocal(s) de tomates." D’autres fois, la singularité du pluriel se cache ailleurs. Ainsi, quand l’article indéfini une devient le mot Une, s’agissant de la presse, il se pare d’un H aspiré masqué et on ne fait plus la liaison au pluriel. On dit les unes et les autres mais les (h)Unes de la presse, sans liaison. Comme lorsqu’Attila disait "Il y a les Huns et il y a les autres".
Parfois, le pluriel est le prétexte à des exercices de calcul bien compliqués. Comme : "À la demande d’un client, un libraire londonien livre 5 livres de livres pour un montant total de 30 livres. Sachant qu’un livre pèse deux livres, combien vaut un livre, en livres ?" Avec un peu de mauvaise foi, on peut aussi trouver des pluriels assez bizarres. La table, l’étable ; le sens, l’essence, un général, dégénéré, un maréchal, des maraîchers, un ennui, des ennuis ; une coupe lors d’une partie ou des coups dans les parties… Il existe aussi des pluriels qui n’ont pas de singulier, comme les frais, les honoraires, les arrhes, les dépens, les appointements… comme si ce qui concerne l’argent ne pouvait être exprimé au singulier…
Parfois, des additions ne mènent pas au pluriel mais à d’étranges résultats. Ainsi, je ne sais pas si 7, 13 et 3 font 23 mais je suis sûr qu’avec 7, 13 et 3, on n’en mène pas large.
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