Le report de la visite de Charles III d’Angleterre en France fait craindre à notre chroniqueur une nouvelle Guerre de Cent Ans.
Ça n’est pas une tragédie, mais c’est presque un drame. Ça n’est pas vraiment un casus belli mais c’est le genre d’affront qui eut été lavé, il n’y a pas si longtemps, par une guerre de trente ans, au moins. Ainsi donc, la visite du roi d’Angleterre dans le pays qui a vu, il n’y a même pas trois siècles, des sans culottes couper la tête de leur roi, a été annulée. Comment se peut-ce ? J’ai vérifié, visiblement, il n’est pas interdit de dire « comment se peut-ce » ? Mais il devrait être interdit de commettre un crime de lèse-majesté aussi insolent que le report d’une visite royale. Car ce pauvre monarque, à peine intronisé ou à peine couronné, ou les deux, qui a dû attendre des décennies avant de se prévaloir de ce titre auquel le droit d’aînesse le destinait, se voit offensé par un pays de gueux, qui fut autrefois l’ennemi héréditaire, le voisin turbulent, le cloaque à manants dépenaillés, le repaire de régicides grossiers, le réservoir à hussards napoléoniens… De plus et c’est sans doute le pire, cette effronterie sans nom intervient quelques jours à peine après l’humiliation historique infligée par le Quinze de France aux rugbymen anglais à Twickenham.
Et quelques mois après l’élimination, en quarts de finale de la Coupe du Monde, de l’équipe de football anglaise par ces mêmes maudits frenchies. Ça commence à faire beaucoup. On a beau vanter le flegme légendaire de sujets de sa, de sa comment ? – peut-on ou doit-on encore dire « sa gracieuse majesté » maintenant que sa majesté n’a plus rien de gracieux ? – C’est que chez les coupeurs de têtes royales, on est peu au fait des politesses protocolaires. Pourquoi donc les rois ont-ils des numéros ? Si ce Charles est le numéro trois, c'est forcément qu’il en a eu deux autres avant lui. S’il y en avait eu quatre, il s’appellerait Charles Quint. Ce qui sonne comme un héros de la commedia dell'arte. Charles Quint était connu comme étant le copain de Polichinelle. Alors que, depuis la fin de la monarchie absolue, les chefs d’état du pays de Robespierre ont eux, des prénoms fort différents.
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