Quand les salaires sont imposés plus ou moins lourdement, les revenus passifs sont moins taxés. Une volonté affichée des gouvernements de favoriser l'investissement, dans quel but ?
Gagner sa vie comme salarié·e est également synonyme d'impôts sur le revenu, taxé progressivement, entre 20 et 30% en général au Luxembourg, dépendamment de sa situation familiale etc. Mais prenons la même somme investie en actions, obligations, fonds, la fiscalité est alors bien plus douce. Le gouvernement serait donc plus clément avec les rentier·ère·s, c'est en tout cas le constat que fait Dylan Theis, conseiller économique chez Improof, le think tank de la Chambre des salariés. La "Luxembourg wealth study" (étude sur la richesse au Luxembourg) montre que 10% des ménages les plus riches possèdent très largement les investissements du pays, à plus de 90%. Une concentration inégalitaire, selon le conseiller : "Ces chiffres restent stables ces dernières années, à un niveau élevé. Ce sont des inégalités que l'on ne retrouve pas avec d'autres types de patrimoine comme l'immobilier par exemple. Il y a un véritable déséquilibre entre les impôts perçus des salariés et des revenus de capitaux. Quand les dividendes sont taxés à 4% environ, les salaires sont autour de 30%, les fonds et actions ne sont pas imposés après 6 mois, c'est une volonté du gouvernement de favoriser ce type d'investissements."
Mais le problème pour Dylan Theis, c'est que ce sont les ménages les plus aisés qui ont accès plus largement à ces investissements : "C'est une population qui peut se permettre de prendre des risques." Et qui sait tirer parti des investissements défiscalisés, alors que le ou la salarié·e a peu de marges de manœuvre avec l'administration fiscale : "Il y a très peu de choses à déduire lorsqu'on est salarié." Pour ce dernier, ces types d'actifs concentrés aux mains de quelques un·e·s accentue les inégalités. Au-delà des barrières psychologiques liées aux risques, avec des frais assez élevés pour les petits portefeuilles avec des rendements qui ne sont pas très intéressants, "on observe que les actifs financiers restent aux mains d'une minorité. En 2018 18,3% des ménages avaient accès à ce type d'actifs, en 2021 c'était 34,6%. Une augmentation donc, mais les vrais gros portefeuilles restent minoritaires. Le patrimoine financier moyen est de 2,7 millions d'euros au Luxembourg pour les 5% des ménages qui ont 82% des actifs."
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