Éditorial - L'état de la Nation, allégation d'une génération défaillante
Par Misch Pautsch Changer en anglais pour l'article original
Le discours de Luc Frieden sur l'état de la Nation a révélé l'état d'esprit d'une génération née dans l'abondance. Des logements abordables, des niveaux de vie en hausse, une espérance de vie croissante, toutes les ressources et tout le temps du monde pour s'attaquer aux problèmes qui se profilent à l'horizon. Qu'ont-ils donc décidé de faire de cette corne d'abondance, qui leur a été offerte parce qu'ils sont nés au bon moment ? La prendre, bien sûr. Et la garder. Même si cela implique de dépouiller la génération suivante.
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Mais pourquoi donc les jeunes sont-ils sceptiques à l'égard de la démocratie ? Quelle peut en être la cause ? Des algorithmes malveillants qui font bouillir leurs cerveaux impressionnables ? Des influences extrémistes qui déforment leur perception ? Leur propre aveuglement face aux efforts herculéens des politicien·ne·s qui font de leur mieux ? Ou peut-être est-ce ceci : le dirigeant politique de leur pays leur offre une seule promesse, à savoir "vous êtes une ressource à utiliser et à épuiser, comme nous avons épuisé toutes les autres ressources avant vous".
Ses annonces sur la réforme des pensions ont éclipsé quelque chose d'autre, qui ne peut être décrit que comme un déni total de la réalité. Luc Frieden déclare à présent que la crise de la construction est "résolue", tout en ignorant totalement la crise du logement, déclarant implicitement qu'elle n'est pas un problème. Probablement parce qu'elle est insoluble pour un gouvernement soucieux de maintenir les riches et les puissant·e·s au chaud. Dans le même souffle, il dit à tou·te·s ceux·celles qui sont né·e·s après lui qu'ils·elles devront travailler plus longtemps pour que notre château de cartes tienne debout un peu plus longtemps.
Pendant ce temps, la réalité saute aux yeux des jeunes : peu importe, car si vous n'êtes pas propriétaire d'une maison ou d'un appartement au Luxembourg au moment de votre retraite, vous vivrez dans la pauvreté. Vous serez à la merci de votre seigneur féodal des temps modernes. Vous continuerez à être dépouillé·e de tout ce que vous possédez. L'ascenseur social appartient au passé. Pendant la quasi-totalité de l'histoire de l'humanité, chaque génération s'est efforcée d'améliorer la vie de ses enfants. Jusqu'à aujourd'hui.
Il n'y a pas que le logement. L'économie de l'abonnement à tout, souvent présentée comme durable, est conçue pour saigner la population à blanc. Les transports (les gens louent de plus en plus de voitures, et même si vous contractez un prêt pour en acheter une, elles sont toujours accompagnées d'abonnements pour les fonctions de base), la nourriture, les articles ménagers, les médias, les vêtements – presque tout est soit loué, soit conçu pour être jeté. L'économie circulaire reste une chimère, Shein et Temu sont rois. Tout cela est chirurgicalement équilibré pour maintenir votre solde bancaire à zéro, si vous avez de la chance. Il n'y a que le travail, comme un hamster dans sa roue. Il n'y aura toujours que cette roue à faire tourner.
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