Communication permanente

Par Audrey SomnardLex KlerenMisch Pautsch

Objets connectés, téléphones traqués, crèches et domiciles filmés, la jeune génération est surveillée pour rassurer les parents sur leur bien-être. Une communication incessante qui pose question.

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"Elle a passé une bonne journée, elle a fait un puzzle ce matin, une sieste de deux heures cet après-midi mais par contre elle n’a pas bien mangé à midi, elle s’est rattrapée au goûter." C'est le rituel chaque soir quand Romain va prendre sa fille à la crèche, le personnel lui résume en quelques phrases la journée de son bout de chou. Pour s’informer, pour avoir l’impression d’y être un peu et surtout être rassuré sur le fait que son enfant va bien et qu’elle est entre de bonnes mains. Qu’importe le fait que ces nouvelles soient sans doute oubliées dans les minutes qui suivront, elles ont été données. Dans notre société où nous sommes constamment matraqué·e·s d’informations, les structures d’accueil utilisent elles aussi les outils à notre disposition pour donner quasiment en temps réel les activités des enfants à coup de photos, planning, menus et autres mises à jour qui se multiplient sur les téléphones des parents.

La génération qui a connu des séjours en colonie de vacances où le seul lien avec la famille était les courriers est bien révolu. Une carte postale ou deux, puis au retour un enfant ravi de son séjour, mais qui avait bien du mal à raconter ce qui s’était passé. Aujourd’hui le lien avec la famille est constant, les parents n’ont plus besoin de tirer les vers du nez de leurs enfants, ils savent ce qu’ils·elles font quasi en temps réel. Il y a aussi les groupes WhatsApp familiaux où l’on découvre au fur à mesure les dernières nouvelles, souvent par photos, de la progéniture des un·e·s et des autres. Échanger des informations privées entre personnes d’une même famille parait banal, il ne faut cependant pas oublier que ces services a priori gratuits ont la mainmise sur des données personnelles parfois sensibles. Afficher la photo de ses enfants sur des réseaux sociaux publics est encore plus risqué puisque des personnes mal intentionnées peuvent mettre la main sur des photos et autres informations sur des personnes mineures.

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