J’ai deux mots à vous rire - Maximes minimales

L’après-midi avait été doux et serein, les rives de la rivière (je sais, rives de la rivières, c’est redondant, mais berges de la bergère, ça ne veut rien dire), étaient calmes et parfumées par la multitude de fleurs décorant ce beau jour de printemps. En début de soirée, tout soudain, le ciel est devenu noir, le vent s’est levé, le tonnerre a grondé et la température s’est empressée de dégringoler. Alors que je m’insurgeais contre cette infame trahison météorologique, hurlant aux nuages menaçants toute ma rancœur en ces termes choisis : "Mais c’est pas vrai. Voilà que le printemps fout le camp. Bravo et merci beaucoup ! C’est un scandale, punaise, avec les impôts qu’on paye !". Et là, une voix, posée mais ferme, pleine de bienveillance mais empreinte d’une authentique autorité, a prononcé une sentence sans appel, une maxime indiscutable, un de ces dictions qui font office de vérité éternelle Bref, le cantonnier du village a affirmé, péremptoire : "En avril, ne te découvre pas d’un fil". J’en suis resté bouche bée, incapable de répliquer. Et pour que je reste bouche bée, il faut soit une apparition, soit un argument irréfutable. Que répondre à ce proverbe dont la perspicacité est prouvée chaque année ? Quel que soit le temps, en avril, il faut être inconscient pour se découvrir d’un fil. En tout cas, sous nos latitudes.